MONTAVON Pierre Edouard
À quelques centaines de mètres à l’Est du pont, dans un cadre austère et recueilli, un simple monument en grès et granit rappelle la mémoire d’Edouard Montavon, ancien Maire du village et Lieutenant F.F.I., abattu en cet endroit, le 19 août 1944. L’Histoire côtoie la légende.
Monument aux morts
Les deux « grandes guerres » ont profondément marqué notre village. Celle de 1914 : 21 noms inscrits sur le Monument aux Morts, 21 hommes jeunes qui manqueront à leur petite patrie : le village décline jusqu’à 450 habitants en 1939. Les paysans sont, pour la plupart devenus paysans ouvriers, puis ouvriers paysans. Cependant, au début de la seconde guerre mondiale, 35 familles vivaient encore plus ou moins de la terre et de l’élevage.
Proportionnellement, la 2e guerre fut presque aussi meurtrière que la précédente.
9 habitants tombèrent au loin, dans les camps de la mort, mais surtout au Pays.
Un maquis s’était installé dans la forêt proche du Parcours. Pendant 3 ans une petite équipe commandée par l’ancien Maire, Edouard Montavon, avait mené d’efficaces sabotages ferroviaires et industriels, participé à l’épopée du maquis d’Ecot. Montavon a finalement perdu la vie, après avoir été horriblement torturé, non loin du Pont Sarrazin. Simple exécution ? Ultime tentative d’évasion de cet homme indomptable, dans les sapins broussus qu’il avait lui-même plantés ? On ne le saura jamais. Les sapins ont grandi. Leur ombre austère s’étend sur le simple monument commémoratif où, chaque 19 août, les fidèles rappellent sa mémoire. Un mois plus tard, celui que les Allemands appelaient « village de terroristes » (et qui a failli être détruit pour cela), voyait la totalité de ses hommes valides « monter au Lomont ». Le contingent de Vandoncourt fut réputé comme l’un des deux plus « durs » de cet énorme maquis. Réputation chèrement payée.
Maillard Salin
1970. Revenu au village après une carrière étonnante et exemplaire, Jean-Pierre MAILLARD-SALIN » le Jean-Pierre » ou JPMS réunit une petite équipe qui, après avoir conquis la totalité du Conseil Municipal, installe au village la « révolution culturelle ».
Révolution sans persécutions, qui entraîne l’adhésion massive des Damas (2). Procédés d’administration originaux (3 conseils), implication de la population dans les commissions, responsabilisation des habitants à travers les associations, ouverture au monde (invitation de personnalités ou de groupes étrangers ; plus tard : jumelage). Tout cela dans une atmosphère de fête perpétuelle (à Vandoncourt, c’est tous les jours dimanche », titre d’un livre aujourd’hui épuisé) qui étonne… ou entraîne peu ou prou les communes avoisinantes. La Presse et la Télévision régionales et nationales se précipitent sur cette dérangeante expérience de démocratie directe, ou d’autogestion. Elles viennent y chercher de sensationnels reportages : « Le village aux 600 maires », « Mon village à 100 à l’heure », « Jamais : je, toujours : nous » « l’irréductible village gaulois » « Un village en chantier », « Un village pas comme les autres ». L’idée centrale : par l’information, la communication et la responsabilisation redevenir et rester un village où tout le monde se connaît. Dans ce sens : développement contrôlé (le 1er POS rural de la Région), protection de l’environnement (opération propreté, fleurissement, le style des maisons, les inventaires écologiques), incitation aux contacts (fêtes, associations), équipement du village bâtiment technique, salle des fêtes, Sapeurs Pompiers, eau, tracteur communal, étang, Zone. Artisanale, ball-trap, complexe sportif, bibliothèque, etc…). Ce laboratoire d’idées œuvre parfois à la limite de la légalité (les objecteurs de conscience…) mais inspirera, plus tard, quelques législations. Des récompenses nationales (1er prix départemental : propreté, 2ème maire de France pour JPMS, Coq d’argent national Village que j’aime) viennent couronner ces réalisations.
Ce bouillonnement extraordinaire s’amortit peu à peu. On passe de l’animation à la gestion. Jean-Pierre meurt trop tôt (1993) mais n’est pas oublié. Il a des continuateurs. Surtout, un esprit demeure, fait de dynamisme, d’initiative, de convivialité, de civisme. En témoignent les deux extraordinaires « Son & Lumière » de 1993 et 94, ainsi que la vie florissante des 27 associations groupées dans « l’Union des Association de Vandoncourt ».
Devons-nous clore ici cette longue et étonnante histoire qui fit d’un village banal un « village pas comme les autres », et enfin un « village où il fait bon vivre » ?
Il appartient à ses habitants, anciens ou nouveaux, d’y répondre.